Après deux mois de crise sociale, d’occupation des ronds-points par les gilets jaunes, de protestation dans toute la France, le Président de la République Emmanuel Macron, dans une lettre en date du 13 janvier 2019, invitait tous les Français “à transformer les colères en solutions” : s’engageait ainsi le Grand Débat National.
Selon ses concepteurs, il s’agissait de “permettre à toutes et tous de débattre de questions essentielles pour les Français”: ils répondront massivement à l’invitation qui leur est faite de débattre, proposer, critiquer, rêver.
Durant deux mois, on assiste à une moisson d’idées, de doléances. Autour des thèmes arrêtés par le chef de l’Etat (fiscalité, modèle social, démocratie, institutions, transition écologique et diversité, immigration, laïcité), ce sont plus d’un million de Français qui participeront au Grand Débat National. La moitié d’entre eux répondront directement à la plateforme mise en ligne, 500. 000 autres participeront aux réunions d’initiatives locales autour des maires. Au total, ce sont 160.000 contributions qui seront faites dans le cadre de ces réunions soit 400.000 pages réparties dans 16 000 cahiers mis à disposition dans les maisons du peuple.
Cette masse d’informations constitue un véritable trésor national. Il s’agit d’une cartographie inédite de l’état du pays. C’est aussi une matière vivante et inflammable montrant combien la France reste politique et se sait capable de pouvoir peser en devenant source de proposition.
Toutefois, las, les promesses vont être déçues.
Deux engagements avaient été pris par le Président Emmanuel Macron.
Le premier: restituer aux Français ce trésor national, en procédant à la numérisation de l’ensemble des contributions, y compris les cahiers citoyens afin d’en permettre la consultation la plus large possible et sa mise en ligne en open source. Cet engagement a été oublié.
Le second: “tirer toutes les conclusions” de cette consultation inédite et “bâtir un nouveau contrat pour la Nation”. La méthode retenue a conduit à rétrécir singulièrement la focale gouvernementale, au point d’accoucher en fin de consultation de synthèses rédigées par trois cabinets de conseil, ne tenant compte pour l’essentiel que des contributions répondant aux questions posées, au détriment des contributions libres, notamment les cahiers citoyens.
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